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Le restaurant JoBlo, l’exquise extravagance

Photo: Denis Beaumont/Métro

Le restaurant JoBlo, à Verdun, a ouvert ses portes au tout début de l’année 2012, mais reste un secret bien gardé de la métropole.

Il fait parfois bon s’excentrer du pôle Plateau-Mile-End-Ville-Marie pour découvrir des restaurants à la réputation discrète, mais dotés d’une âme et d’une signature qui font le bonheur de leur voisinageé Appelez-le steak house, resto-bar ou bistro, le restaurant JoBlo, installé depuis janvier rue Wellington, à Verdun, fait partie de ces univers uniques encore trop méconnus des citadins sédentaires.

Ouvrir les portes du JoBlo, c’est s’immiscer dans un monde burlesque, kitsch et absurde, où le temps recule puis se fixe dans les années 1950. Ce temps arrêté nous permet de savourer des plats on ne peut plus réconfortants, sans stress ni snobisme. Outre un immense et stoïque cheval noir planqué à l’entrée, une serveuse voluptueuse et souriante nous accueille dans une robe à pois fidèle à l’extravagance des lieux.

Les téléviseurs sont laissés à la bonne grâce de la chaîne Silver Screen Classics, qui diffuse en boucle de vieux classiques du cinéma, tandis que des cadres de pin-up girls et d’acteurs mythiques ornent les murs. Malgré l’effort, JoBlo donne l’impression de vivre une crise identitaire, puisque les décors burlesques et western se font la guerre plus qu’ils ne s’épousent.

Mais nous ne sommes pas dans un musée, alors parlons bouffe. Nul besoin de zyeuter bien longtemps les tables voisines pour constater que les portions sont made in America. Pour ménager notre estomac jusqu’au plat principal, nous choisissons en entrée une salade de mesclun. Le mélange de pousses, de concombre et de pomme serait banal si la présentation n’était pas aussi soignée et si la vinaigrette aux framboises n’était pas aussi succulente. La simplicité n’aura jamais eu si bon goût.

La musique lounge et le rouge chaleureux des lumières tamisées prêtent au partage d’une bouteille de vin rouge. L’offre et le prix des consommations – vin, bière et cocktails – sont corrects, sans plus.

Les plats de résistance, des classiques consacrés par les diners américains, mais réinventés par JoBlo, donnent l’eau à la bouche. Nous optons pour le fameux et esthétiquement douteux Sloppy Joe, ce met typique américain qui devient à Verdun l’emblématique Sloppy JoBlo, un énorme burger garni de viande hachée, de petits morceaux de poulet et de sauce style spaghetti. Les épices, le dosage des ingrédients et le pain frais grillé en font un succès instantané du comfort food.

Le choix de notre invitée s’arrête sur le Gros porc, un burger tout aussi énorme rempli, comme son nom l’indique, de porc, mais aussi de bacon, d’oignon et – attention! – de macaroni au fromage. Désastre gastronomique? Que nenni! De la junk de luxe, que nous dévorons sans culpabilité et avec satisfaction. Léger bémol pour le macaroni, tiède, mais non moins goûteux.

La montagne de frites allumettes, bien chaudes et accompagnées d’une mayonnaise piquante, réconforte et cloue à coup sûr le cercueil de l’appétit.

La serveuse, dont les interventions ne sont ni envahissantes ni trop espacées, a été tout au long du repas souriante et chaleureuse. Elle nous laisse calmement finir notre bouteille de vin rouge, sans aucune pression, tandis que nous espérons que le temps qui passe rendera possible l’essai d’un dessert. En vain. Tant pis. De toutes façons, le choix était très restreint, et les gâteries étaient cuisinés ailleurs : peu de regrets.

Nous repartons lourds comme des chevaux, laissant derrière nous, en refermant la porte, une époque de faste et d’extravagance, avec la certitude d’y revenir, sinon pour la bouffe, pour l’univers décalé.

En résumé

  • L’occasion. Idéal pour les soupers en tête à tête.
  • L’ambiance et le décor. Ambiance tamisée, musique apaisante et décor déchiré entre burlesque et western.
  • Les prix. Entre 30 et 45 $ pour un repas et un verre de vin. Vous ne vous rendrez pas au dessert!
  • Nous avons aimé. Le service courtois, les mets qui réinventent l’ordinaire et le voyage dans le temps.
  • Nous avons moins aimé. L’apport calorique gargantuesque, la crise identitaire des lieux et le maigre choix de desserts.

JoBlo
3807, rue Wellington

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