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Loi sur le tabac: la réforme tarde

MONTRÉAL – Ce n’est pas demain la veille que la Loi sur le tabac sera modifiée au Québec.

En fait, il est désormais inenvisageable que cette étape de la révision puisse être franchie d’ici la fin de l’année, selon l’attachée de presse du ministre provincial de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert.

Dans une courte entrevue à La Presse Canadienne, Ariane Lareau a indiqué que M. Hébert souhaite désormais compléter ce dossier en 2014. Du même souffle, elle a soutenu ne pas être en mesure, pour le moment, d’être plus précise par rapport à son échéancier.

Mme Lareau a expliqué que son patron continue de qualifier ce dossier de «prioritaire».

Réjean Hébert doit toutefois patienter car il tient mordicus à prendre connaissance des recommandations de la Commission de la santé et des services sociaux avant d’aller de l’avant. Or, ces suggestions se font attendre car l’attention des membres de la Commission est monopolisée par d’autres dossiers chauds comme les soins de fin de vie et l’assurance-autonomie.

La codirectrice et porte-parole de la Coalition québécoise sur le contrôle du tabac, Flory Doucas, n’a pas masqué son dépit en prenant connaissance de la nouvelle.

Elle s’est dite découragée d’entendre le cabinet du ministre dire qu’il n’y a toujours rien à l’horizon».

Mme Doucas estime que Réjean Hébert n’a vraiment pas le luxe d’attendre étant donné qu’à chaque jour, «des jeunes tombent dans le piège du tabagisme». Elle a dressé un parallèle entre M. Hébert et son prédécesseur, Yves Bolduc en faisant valoir que les deux hommes avaient tendance à prononcer des «paroles encourageantes mais [qu’avec eux], il manque toujours du concret».

Flory Doucas croit que les politiciens tergiversent car «le tabagisme tue à petit feu, et [qu’]on oublie les victimes quine vont pas mourir à l’urgence mais dans […] les hôpitaux, [les centres] de soins palliatifs».

Selon elle, l’actuelle loi doit être modifiée de toute urgence pour prendre en considération certaines nouvelles réalités du marché. Mme Doucas pense que, dans sa forme actuelle,le texte n’a pas le mordant nécessaire pour contrecarrer les stratégies récentes des géants du tabac pour charmer la clientèle.

Elle cite comme exemple le fait que les consommateurs sont de plus en plus courtisés à l’aide de produits aromatisés qu’elle qualifie de «porte d’entrée vers le tabagisme».

Flory Doucas dit également que la «loi est désuète par rapport à des enjeux comme l’emballage».

Elle remarque que non seulement les paquets sont de plus en plus sophistiqués et attrayants mais qu’en plus, les mises en garde y sont trop souvent «à peine visibles».

Mme Doucas avance que «plusieurs parents auraient de la difficulté à s’apercevoir qu’il s’agit de produits du tabac s’ils en trouvaient dans le sac à dos de leur enfant».

Le responsable des relations avec les médias au Conseil québécois sur le tabac et la santé, David Lefebvre, n’a pas masqué lui non plus sa déception.

Il a déclaré que son organisation a demandé à ce «que la révision de la loi se fasse dès que possible étant donné que le tabagisme est une problématique majeure en matière de santé publique».

M. Lefebvre a, toutefois, pondéré ses propos en ajoutant qu’il comprend que «le ministre [Réjean Hébert] et la Commission de la santé et des services sociaux ont d’autres dossiers à évaluer et d’autres préoccupations sociales à tenir en compte».

Il espère qu’une fois que le gouvernement bougera, il donnera un grand coup en interdisant de fumer sur les terrasses des bars et des restaurants, en imposant des «paquets neutres» au plan de l’emballage et un moratoire sur les nouveaux produits du tabac ainsi qu’en interdisant l’introduction de saveurs dans les cigarettes et les petits cigares.

Par ailleurs, le Conseil milite aussi pour qu’il ne soit éventuellement plus permis de fumer dans l’habitacle d’un véhicule en présence d’un mineur.

David Lefebvre est convaincu que la «loi actuelle a amélioré les choses mais qu’il est temps d’aller encore plus loin de manière principalement à protéger […] les clientèles plus à risque» comme les jeunes.

Il note que le «ministre a semblé très ouvert» mais qu’il lui faut passer de la parole aux actes le plus rapidement possible.

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